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explications de sa Sœur, que d’inquiétude pour les nouvelles révolutions qu’elles pouvoient causer à sa Fille. Mais à peine eut-elle achevé de la lire, que Camille ayant fait demander la permission d’entrer, lui présenta celle de sa Maîtresse, toute fermée. La premiere agitation de Clémentine, à la vue d’un cachet noir, avoit eu sans doute autant de part que le respect à la déférence, qu’elle marquoit pour sa Mere. Cependant, par le conseil de M. Lowther, qui n’en appréhenda rien pour sa santé, la Marquise prit le parti de lui renvoyer sa Lettre avec la permission de l’ouvrir elle-même ; & pour éloigner tout air d’affectation, elle y joignit la sienne, qu’il lui suffisoit d’avoir parcourue. Camille eut ordre de la féliciter, au nom de tous ses Amis, sur un événement dont la tristesse n’empêchoit point qu’elle ne dût être sensible à ce qu’il avoit d’heureux ; & d’ajouter qu’ils ne se croyoient dispensés de passer sur le champ chez elle, que par le desir qu’elle avoit témoigné de ne voir personne jusqu’au lendemain. En effet, dans la confusion de mille sentimens que le récit de M. Lowther avoit échauffés, jugez, ma chere Tante, s’il nous fut aisé de modérer notre impatience.

L’arrivée de Camille ayant suspendu nos réflexions sur l’étrange avanture du jardin, elles commencerent par des applaudissemens pour l’invention ; & le Prélat seul, quoique ravi du succès, parut craindre que la Religion n’en fût un peu blessée. Le Marquis jugea cette délicatesse excessive. My-