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du Chev. Grandisson

point d’héritiers plus proches que les enfans de sa Sœur, assuroit toute sa succession à sa Niece.

Cette ouverture, qu’on me faisoit volontairement, m’a paru favorable à toutes mes vues. Sur le plan que j’ai formé aussi-tôt, j’ai pressenti quelle facilité je pouvois me promettre de la part du Messager ; & n’ayant besoin d’ailleurs, que de le faire consentir à différer de quelques jours l’exécution de ses ordres, je n’ai pas eu de peine, après lui avoir fait connoître ma profession & mon zele pour ses Maîtres, à lui persuader de se conduire par mes avis. Nous sommes convenus qu’il partiroit avec moi, mais qu’en arrivant ici, il ne paroîtroit point au château ; qu’il demeureroit caché dans une maison du Bourg, ce qui ne m’a pas semblé difficile, à la faveur de tant de valets Italiens, qu’on a l’habitude d’y voir ; qu’il garderoit le secret de sa commission, & qu’il attendroit le tems marqué pour remettre ses dépêches. Il n’a rien manqué à sa conduite, & tout s’est observé fidellement.

Pour moi, qui m’étois occupé en chemin des préparatifs de mon projet, j’ai trouvé peu d’embarras à disposer mes machines. Je ne m’en suis fié qu’à moi-même. Personne n’est entré dans ma confidence. Tout étoit prêt : il ne manquoit que l’occasion. Mon entreprise, puérille en elle-même, mais grande & sérieuse par l’importance de mon objet, demandoit nécessairement le tems de la nuit. Je pensois à me glisser le soir dans l’appartement