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du Chev. Grandisson

Il est vrai, dit-il en me regardant, que j’ai promis le récit d’une avanture fort singuliere. Peut-être ne me serois-je pas hâté d’en faire l’aveu, si je n’apprenois que l’effet répond à mes espérances, & si je ne craignois de commettre deux hommes respectables, à qui de fausses apparences peuvent en avoir imposé. Le Pere Marescotti & M. Barlet ne vous demanderoient point une audience si sérieuse, s’ils n’avoient conçu des idées fort extraordinaires d’un événement dont ils ignorent le fond. Je le connois seul. J’admire un succès que j’ai tenté sans le croire certain ; mais puisqu’il est tel qu’on me l’assure, & que j’avois osé l’espérer, je vous en dois l’explication ; un plus long silence ne feroit pas d’honneur à ma bonne foi.

Je ne suis ici que depuis sept jours. Le tems que j’ai employé à Londres, s’est passé à recueillir des lumieres sur la situation du Seigneur Jéronimo & de sa Sœur. Je laisse ce qui regarde le Frere, dont je crois actuellement la santé entre mes mains. Dans une infinité de consultations sur le triste état de la Signora Clémentine, je n’ai rien trouvé de plus vraisemblable, après tant de remedes inutiles, que l’opinion de quelques Docteurs qui m’ont proposé d’attaquer le mal par un autre mal, c’est-à-dire, de causer, dans une tête altérée, quelque nouvelle révolution, capable d’affoiblir la premiere. On m’a cité des exemples, que j’ai vérifiés ; celui d’une femme jettée brusquement dans l’eau, à qui l’effroi du danger rendit sur-le-champ toute