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du Chev. Grandisson

Ce matin, la Marquise étoit résolue d’informer Clémentine de la mort de Daurana ; sans autre précaution, pour un accident commun, que de lui cacher les noirs soupçons que le Comte son Frere ne dissimule point dans sa Lettre. Mais le Pere Marescotti, voyant cette Dame prête à passer dans l’appartement de sa Fille, l’a priée de suspendre une ouverture inutile aux circonstances : & prenant un air fort grave ; ne mêlons rien à l’ouvrage du Ciel, a-t-il ajouté ; il ne m’est pas encore permis de m’expliquer : M. Barlet gardera le même silence : mais je vous annonce le plus merveilleux évenement. Attendez-vous néanmoins à ne pas voir aujourd’hui Clémentine. Elle vous fera demander la permission de passer le jour entier dans sa chambre.

Le Docteur Barlet, qui étoit présent, s’est contenté d’applaudir d’un signe de tête. Ils sont sortis ensemble, apparemment pour faire connoître qu’on ne devoit pas leur faire d’autres questions ; & toute la Compagnie est demeurée dans l’étonnement. Je savois que dès sept heures, on leur avoit vu prendre le chemin du bois : mais, par le conseil de Sir Charles, à qui je l’avois dit, comme les jours précédens, & qui m’avoit fait la même réponse, je n’avois communiqué ma découverte à personne, & j’avois même ordonné au Jardinier, de qui je tenois mes informations, de n’en parler qu’à moi. Il ne m’a pas été difficile de comprendre que des entrevues si réguliéres devoient