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Histoire

une saison… Mais qu’importe la saison ; qu’importent les vents, les montagnes, les mers, pour une Femme qui s’est mis dans la tête une avanture ? Ce que je puis dire en faveur de la mienne, c’est qu’elle me quitteroit pour se rendre auprès du Pere, de la Mere, des Freres, dont sa Sœur a voulu s’éloigner. Cruelle, cruelle Clémentine ! Pourrai-je lui pardonner ? Cependant si nos Parens m’en donnent l’exemple, qu’ai-je à dire ?

Je vous assure, cher Jéronimo, que ma joie est égale à la vôtre, d’apprendre qu’un homme du mérite de Grandisson n’a rien perdu au renversement de nos espérances communes, & qu’il est heureusement récompensé de ses vertueuses douleurs. Je me sens même quelque impatience de voir ensemble deux Femmes, qui ont été capables d’une magnanimité si rare dans leur sexe. Ma gloire est que l’une des deux soit ma Sœur. Mais Clémentine a toujours été la plus généreuse des Femmes, quoique la plus obstinée sur quelques points.

Faites connoître à Belvedere combien je lui suis attaché. Quel que puisse être le succès de sa constance pour une Perverse, je le regarderai toujours comme mon Frere. Distribuez, mon cher Jéronimo, mes respects, mes complimens, mes amitiés, dans l’ordre convenable à ces devoirs & à ces sentimens, de la part de votre, &c.

Le Comte Giacomo Della Porretta.