Sœur, elle n’a pas douté que le premier effet de votre voyage ne fût la ruine de ses espérances. Une profonde mélancolie s’est saisie d’elle. Des accès furieux ont succédé ; & j’entens soupçonner que la misérable Créature, ayant trompé la vigilance de ses gardes, a précipité la fin de ses jours. Sa Mere est inconsolable. On a fait passer la maladie pour une fiévre maligne. Je ne détromperai personne. Celle que cette malheureuse Fille a si cruellement maltraitée, versera sans doute une larme pour la Compagne de son Enfance. Qui la regrettera d’ailleurs, à l’exception de sa Mere ? Cependant si les circonstances de sa mort sont aussi tragiques qu’on me l’a fait entendre… Mais je renonce aux informations, dans la crainte de me laisser tenter à la pitié, pour une Misérable qui a refusé la sienne au modele de son Sexe, dont le soin lui avoit été confié, & qu’elle devoit chérir à toutes sortes de titres.
Quel glorieux homme que votre Grandisson, tel que vous le représentez, vous, la Renommée, le Pere Marescotti, & tous ceux qui viennent ou qui écrivent ici d’Angleterre ! Il ne me sera pas aisé de retenir votre Belle-Sœur. Depuis votre départ, elle ne parle que de vous suivre. Elle menace de se dérober à son Mari, s’il refuse d’y consentir ; & de faire le voyage, à présent que Clémentine lui a montré le chemin, pour mettre ma tendresse à l’épreuve, comme cette étrange Fille y a mis la vôtre, dans