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du Chev. Grandisson

justice l’oblige, pour le Comte & pour elle-même ? Son repos futur demande, peut-être, que sa détermination vienne de ses propres raisonnemens. Ne l’exposons point au regret tardif de s’être laissé persuader contre son inclination. D’ailleurs, s’il paroît que la persuasion suffit à présent, n’est-il pas à craindre que cet état même ne la porte à s’envelopper dans une certaine réserve, pour ne pas démentir la résistance qu’elle a faite auparavant à toute sorte de persuasion.

Suivant cet avis, la Marquise, dans une conversation qu’elle eut avec elle, & qui pouvoit la conduire au sujet qu’ils ont à cœur, se dispensa aussi de lui en parler. Elle veut, dit-elle, que toutes les résolutions de sa Fille partent d’elle-même ; & son choix sera celui de la Famille.

Clémentine se trouva fort obligeamment à dîner. Entre les attentions de Sir Charles, pour l’amusement de ses convives, toute la compagnie fut charmée de lui voir adresser souvent le discours au Comte de Belvedere, sur divers sujets dans lesquels il le savoit fort versé, pour lui donner occasion de briller. C’étoit le meilleur office qu’il pût lui rendre ; car le pauvre Comte, assez timide devant la maîtresse de son sort, avoit besoin de ce secours pour se soutenir. Jamais le mérite modeste n’eut un Protecteur plus adroit & plus zélé que Sir Charles. Clémentine parla sans affectation, & sembloit observer tout. Le Seigneur Sébaste ayant dit quelques