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Histoire

constances, m’a répondu qu’il croyoit y trouver en effet quelque air de mystere ; mais que de quelque nature qu’il fût, on ne devoit rien attendre que d’heureux de la prudence de ses deux Amis. Il est sûr, dit-il, que Clémentine fera des adieux fort civils au Comte, avant son départ.   La derniere, la solemnelle entrevue devoit se faire cet après-midi dans mon cabinet ; mais Clémentine vient d’accorder au Comte un agréable répit, auquel il étoit fort éloigné de s’attendre. Après le dîner, où nous avons été charmés de la voir dans une tranquillité constante, il se disposoit à lui demander un quart-d’heure d’audience, pour prendre congé d’elle ; & ses agitations étoient visibles. On s’est levé. Il étoit tremblant. Tout le monde a paru touché ; & dans le premier mouvement nos yeux se sont tournés vers elle, comme implorant pour lui sa pitié. Cependant un regard, qu’elle a jetté sur chacun, nous les a fait baisser ; nous avons paru craindre qu’elle ne nous soupçonnât de vouloir l’attendrir en sa faveur. Pour moi, j’ai cru lire plus d’une fois sur son charmant visage les marques d’une vraie compassion, avec un soupir néanmoins, qui renfermoit, comme j’ai cru pouvoir l’expliquer, des vœux pour une vie, préférable dans ses idées à celle du mariage. Enfin il s’est avancé vers elle avec la précipitation d’un homme inquiet, qui craint de manquer l’occasion. Mademoiselle, lui a-t-il dit d’une voix basse