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du Chev. Grandisson

17 au soir.

Mr. Lowther arrive de Londres. Il a toujours été persuadé, comme les Médecins d’Italie, qu’un désordre d’esprit, qui n’est point héréditaire, & dont la cause est celle que nous connoissons, ne menace point d’une rechûte, à moins qu’il ne survienne quelque nouvel incident ; & qu’il ne sauroit être contagieux non plus pour les fruits du mariage. Il paroît fort étonné que les Parens de Clémentine se soient rendus si facilement à ses idées de Célibat. C’est pour justifier son opinion, en consultant les plus fameux Médecins de Londres, qu’il a différé si long-tems son retour. Ils s’accordent parfaitement avec lui.

Samedi, 19.

Clémentine, avec laquelle j’ai passé une partie du jour, m’a long-tems entretenue de sa Cousine Daurana, dont elle déplore généreusement le malheur. Ce que je vous ai fait entendre, m’a-t-elle dit, de sa passion pour le Comte de Belvedere, n’est que trop certain. On m’a demandé de la compassion pour lui : il devroit en avoir un peu pour elle. Je sais qu’elle lui a été proposée, & qu’il a rejetté la proposition avec hauteur. Peut-être ne sait-il pas combien il en est aimé. Il me reste quelque souvenir des emportemens d’amour auxquels je l’ai vue livrée, de la fureur où la jettoit l’idée du mépris, & des sermens qu’elle faisoit quelquefois d’en tirer