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Histoire

LETTRE CXXXV.

Mylady Grandisson à la même.

17 Mai.

Clémentine est grave & pensive ; elle fuit la Compagnie. On ne lui dit pas un mot du Comte de Belvedere ; mais comme il est attendu de jour en jour, Sir Charles juge qu’elle doit être prévenue sur son arrivée. Elle ne dîna, ni ne soupa hier avec nous. Elle aime à se promener seule dans le parc, où son seul amusement est de donner à manger aux Daims, qu’elle rassemble quelquefois autour d’elle. Sir Charles, ayant passé ce matin près d’elle, s’est informé de sa santé. Mon esprit n’est pas bien, Chevalier. Que le Ciel y rétablisse la paix ! a-t-il dit en prenant sa main, & penchant la tête dessus. Je vous rends graces, Monsieur. Continuez vos prieres pour moi. Cette derniere conversation, Chevalier… Mais, adieu. Elle a repris un sentier, qui conduit au Bois. Il l’a suivie des yeux. Elle a tourné la tête, pour voir apparemment s’il la regardoit. Il l’a saluée, en lui demandant d’un signe de main la permission de la suivre : elle a compris ce signe ; & d’un mouvement de la sienne, elle l’a prié de la laisser seule. Malheureuse Fille !