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Histoire

vos propres souffrances ont été plus douloureuses pour vous que pour vos Amis. Je ne plaide ici la cause de personne. Je vous ai dit que votre Pere exhorte sérieusement le Comte à ne plus conserver d’espérance ; & le Comte déclare qu’il y employera tous ses efforts ; premierement, parce qu’il vous l’a promis ; en second lieu, parce qu’il est trop sûr à présent que vous n’avez que de l’aversion pour lui.

De l’aversion, Chevalier ! Me préserve le Ciel d’avoir jamais de l’aversion pour personne ! J’ai cru que ma conduite à l’égard du Comte… Elle s’est arrêtée un moment ; & s’adressant à moi : très-chere Mylady, ne me donnerez-vous pas vos conseils sur tout ce que vous avez entendu ? Vous m’assuriez, en commençant, que ma tranquillité étoit nécessaire à votre bonheur.

C’est ma tendresse, chere Clémentine, ma seule tendresse pour vous, qui me la rend nécessaire. Vos moindres peines en sont une vive pour moi. Mais personne ne sait mieux que vous d’où votre bonheur dépend ; & nous sommes certains qu’il fera celui de toute votre chere Famille. Elle juge qu’un établissement honorable avec un homme de votre Pays & de votre Religion, y contribuera beaucoup. Votre Mere en est persuadée ; Madame Bémont l’est aussi. Vous voyez qu’un devoir de justice pour vos Freres, & de reconnoissance pour vos Grands-Peres, ne vous permet pas de penser au Cloître. Vous voyez que Daurana, pour