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Histoire

le cloître : mais quand il s’y en trouveroit quelques-uns, je suis sûre du moins, si je voyois mes Parens satisfaits, car ce point, je l’avoue, est essentiel pour moi, que je n’en augmenterois pas le nombre. À l’égard des grands exemples, dont vous dites que le monde a besoin, & que vous me croyez capable de lui donner, je n’ai pas assez de vanité pour être convaincue par cet argument. Si la paix du cœur est plus sûre pour moi dans le monde que dans un couvent, c’est un point dont le jugement m’appartient ; à moi, qui dois savoir, après tant d’agitations de corps & d’esprit, si la solitude convient pour recueillir mes esprits dissipés.

Ces agitations, chere Clémentine, sont passées, grace à la protection du Ciel !

J’accorde ma compassion, je puis pardonner, je pardonne réellement à la pauvre Daurana. Ah Monsieur ! peut-être ne savez-vous pas que l’amour, cette passion qui produit souvent des bassesses, & quelquefois à la vérité des effets admirables, est la cause secrette des cruautés de Daurana. Elle ne me haïssoit point, avant que l’amour eût pris possession de son cœur. Pourquoi me rappellerois-je le mal, sans me souvenir du bien ?

Admirable Clémentine ! s’est écrié Sir Charles : Admirable Sœur ! s’est écrié son Henriette ; tous deux comme de concert.

N’a-t-elle pas été la compagne de mon enfance ? a continué cette divine Fille. N’avons-nous pas été élevées ensemble ? J’étois la souffrante, graces au Ciel ! & sans l’avoir