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du Chev. Grandisson.

qu’aux yeux du Ciel, comme à ceux des hommes, il n’y ait pas beaucoup de mérite à se refuser ce qui plaît le plus, en remplissant son devoir pour obliger ceux à qui l’on doit la vie ?

Ma qualité de Protestant ne me donne point d’aversion pour les Fondations Religieuses. Je souhaiterois, au contraire, que mon Pays eût des Cloîtres, sous des regles sages & bien observées. À la vérité, je ne voudrois pas d’engagemens perpétuels : mon plan seroit qu’on laissât la liberté de renouveller les vœux tous les deux ou trois ans, avec le consentement des Familles.

De toutes les femmes que j’ai connues, Clémentine della Porretta devroit être la derniere qui marquât de l’empressement pour la retraite. Il n’y a au monde que deux personnes avec elle, que sa résolution ne fût pas capable d’affliger. Nous connoissons leurs motifs. Le testament de ses deux Grands-peres, qui jouissent à présent d’une meilleure vie, est contre elle ; & toute sa Famille, à l’exception de deux personnes, regarderoit comme le plus grand malheur, qu’elle quittât le monde pour s’ensevelir dans un Couvent. Clémentine a le cœur tendre & généreux ; elle souhaite, a-t-elle dit autrefois, de tirer une grande vengeance de sa Cousine. Que sa Cousine prenne le voile, les raisons de pénitence ne manquent point à Daurana : sa passion pour le monde, qui lui a fait violer tous les droits du sang