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Histoire

Mademoiselle, je vous réponds du même sentiment, ai-je ajouté en lui prenant la main… La tendresse & le respect devoient éclater sur mon visage, s’il représentoit les mouvemens de mon cœur. Elle s’est baissée affectueusement vers moi. Ses yeux étoient mouillés de larmes. Vous me peinez, Chevalier ; vous me peinez, Madame, par cet excès de bonté. Combien d’Amis ai-je rendus malheureux ?

Depuis quelques jours, a repris Sir Charles, j’observe que votre inquiétude augmente. Que ne dépend-il de moi d’en éloigner la cause !

Peut-être ne vous trompez-vous pas. Ah Chevalier ! je m’étois flattée, en signant les Articles, qu’ils serviroient à me rendre plus heureuse que je ne le suis.

Chere Clémentine ! (Il n’a rien ajouté.)

Ne vous prévenez pas contre moi, Chevalier : je dois me croire liée, si l’on insiste sur mes promesses ; mais quoique mes indulgens Amis ne me fatiguent point par des instances, par des persuasions, ne voyez-vous pas que leurs regards, leurs soupirs, rompent vos conventions à toute heure ?

Chere Clémentine !

J’ai prévu que vous ne seriez pas content de moi.

Je ne le suis point. Je ne le pourrois être sans blesser la justice & l’amitié. Mais, chere Clémentine, quelle peinture faites-vous de la résignation de votre Famille, sur un point auquel vous savez que leurs cœurs étoient fixés ?