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du Chev. Grandisson

vous admire : il est impossible qu’elle vous ait regardée d’un œil mécontent. Quels peuvent être les discours d’Olivia ? Sa téméraire censure a-t-elle jamais rien épargné ? Je ne laisse pas de voir la délicatesse de votre situation : quel conseil puis-je vous donner ? Mais si vous ouvriez votre cœur à la Marquise ? À Madame Bémont, si vous l’aimez mieux. C’est la plus prudente des Femmes.

Je connois déja leurs dispositions. Elles ne s’accordent point avec les miennes. Madame Bémont, sans le vouloir, j’en suis sûre, n’a fait que m’épouvanter. Ma Mere se croit liée par les articles, & ne me dit rien.

Si vous preniez conseil de Sir Charles ? vous savez qu’il est le plus délicat des Hommes.

Je ne cesserai jamais de l’honorer. Mais votre indisposition me l’a fait regarder avec plus de respect que de familiarité. En méditant sur ma situation, je me suis senti dans le cœur une peine que je ne connoissois point encore, une peine que je ne saurois décrire. Elle est ordinairement ici (en portant la main à sa tête) : mais (en la mettant sur son cœur) c’est ici qu’elle est à présent ; & quelquefois j’ai peine à la supporter.

Je demande en grace à ma chere Clémentine, d’ouvrir ce noble cœur à Sir Charles. Vous connoissez sa pure affection pour vous. Vous savez combien votre gloire l’intéresse. Vous savez que votre Mere même, votre Madame Bémont, n’ont pas l’ame plus dé-