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Histoire

passage en Angleterre, & sur celle du séjour que je fais dans la maison d’un Homme, pour lequel tout le monde connoît mes sentimens. Je sais que le Public commence à parler. Cruelle Olivia ! elle dit ce qu’elle souhaite que tout le monde pense. Que ne dois-je pas à votre bonté, à celle de tous vos Amis, pour conserver une si bonne opinion de moi, dans la situation où je suis ? J’ai une obligation extrême à la compassion de Sir Charles, s’il y trouve des raisons pour ne me pas mépriser. Une petite Fille (je ne le dis qu’à vous, qui me le pardonnerez), m’est proposée pour modéle par la chere Madame Bémont. Que je suis tombée ! mon orgueil ne peut le supporter. S’il m’avoit été permis d’entrer dans un Cloître, tant d’irrégularités dans ma conduite auroient été prévenues, & la malheureuse Clémentine se seroit épargné toutes ces humiliations. Dites-moi, chere Mylady Grandisson, aidez-moi de vos conseils : ne puis-je pas renouveller mes instances, pour obtenir la liberté de quitter le monde ? Donnez-moi l’avis d’une Sœur : jamais l’on n’eut, pour une Sœur, plus d’affection que j’en ai pour vous. Quel chemin dois-je tenir ? Quel moyen de me rétablir à mes propres yeux ? À présent, je me hais, je me méprise moi-même.

Avec combien de raison, très-chere Sœur ! excellente Amie ! Toute ma Famille vous révere ! Sir Charles, ses Sœurs & moi, nous vous aimons tendrement. Mylady G…