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Histoire

Mere ; M. l’Évêque de Nocera, votre frere ; un Directeur plein de piété ; vos deux autres freres ; Madame Bemont, votre Amie désintéressée ; votre fidelle Camille ! Quelle énumération contre vous, chere Clémentine, me défend de donner mon avis contre eux : que puis-je dire ? Faut-il, sur votre propre représentation, que je le donne pour vous ?

Vous savez, Mademoiselle, le sacrifice que j’ai fait au cri de votre conscience, & non de la mienne. Je ne doute point que des Parens aussi vertueux, aussi indulgens que les vôtres, ne cedent à vos raisons, si vous avez le même motif à faire valoir contre le devoir filial ; d’autant plus digne de ce nom, qu’il est exigé avec tant de douceur, ou plutôt, qu’il n’est proposé qu’avec des larmes & des vœux ; des yeux plus que des levres ; & que, si vous le remplissez, vos Parens croiront avoir la plus haute obligation à leur fille.

Clémentine est une des plus généreuses personnes du monde ; mais considérez, Mademoiselle, si la préférence de votre propre volonté à celle des plus tendres Parens ne porte pas un air d’amour propre, qui s’accorderoit mal avec votre caractere Général. Quand vous devriez trouver dans un Cloître tout le bonheur que vous y espérez, n’est-il pas vrai qu’alors vous renonceriez à votre Famille, comme partie du monde que vous feriez vœu de mépriser, & que vous ne vivriez que pour vous-même ? Et croyez-vous