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du Chev. Grandisson

bien rétablie. S’il ne m’est pas encore permis de quitter la chambre, c’est par un excès de précaution.

Clémentine se réjouit sincerement de ma guérison : cependant chaque jour semble ajouter quelque chose à sa tristesse. Elle dit à sa Mere, qui s’en alarme beaucoup, que son chagrin vient de la situation de son Frere. En effet le Seigneur Jeronimo n’est pas bien. M. Lowther lui avoit annoncé qu’il ne seroit pas exempt de quelques douleurs passageres : mais je suis sûre, que ce tendre Frere se trouveroit bientôt mieux, s’il voyoit sa Sœur au Comte de Belvedere. J’en parlois avec Sir Charles, il n’y a pas une heure. Clémentine, lui disois-je, n’est rien moins qu’heureuse. Je doute qu’elle le soit jamais hors du cloître. Songez, m’a-t-il répondu, que la grande objection de la Famille est que sa Mere en mourroit de chagrin : & tous les autres n’en seroient gueres moins affligés. Pour leur intérêt, il ne faut pas revenir à cette idée.

Quel parti reste-t-il donc à prendre ?

Celui de la patience, mon très-cher Amour. Sa maladie a mis cette Ame noble en désordre. Il faut qu’elle fasse l’essai de ses propres plans. S’ils ne réussissent point, elle en formera de nouveaux, jusqu’à ce qu’elle en trouve un qui la fixe : & j’espere que le tems n’en est pas éloigné.

Le croyez-vous, Monsieur ?

Ne voyez-vous pas que de jour en jour sa tristesse ne fait qu’augmenter ? Il se passe quelque chose dans sa tête. J’ai obtenu de sa