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du Chev. Grandisson

lui rends cette justice : mais son obstination n’est-elle pas étrange ? Ensuite, me rendant la Lettre : que nous connoissons peu, a-t-elle ajouté, ce qui nous convient le mieux ! L’Espagne a sans doute quelque Dame d’un mérite distingué, qui le rendroit beaucoup plus heureux qu’il ne peut jamais l’être, avec celle qu’il honore d’une affection si mal reconnue ; sans compter que la pauvre Daurana…

Elle s’est arrêtée. Je n’ai rien dit qui pût la ramener au même sujet.

Sir Charles suppose qu’ils ne reviendront point avant la fin de la semaine prochaine, du moins si le Marquis persiste dans le dessein d’assister à un Bal de l’Ambassadeur de Venise, auquel il est invité. Une absence de quinze jours, après tout. Ô Dieu, Dieu !

N. B. Dans plusieurs Lettres suivantes, on s’efforce de nous intéresser pour Mylady Grandisson, qui revenant avec Clémentine, toutes deux à pied & sans suite, d’une promenade qui les avoit insensiblement éloignées du Château, est si mouillée par une pluie d’orage, que se trouvant incommodée à son retour, & voyant tout-d’un-coup paroître Sir Charles, qui arrive de Londres sans être attendu, elle ne peut résister à la double agitation de sa fatigue & de sa joie. Elle tombe évanouie. Que de mouvemens pour une tête si chere ! La fiévre suit, & dure peu à la vérité ; mais Clémentine, qui se reproche d’être la cause de cet accident, s’afflige d’autant plus qu’elle craint de fort injurieux soupçons.