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Histoire

paroître étonnée qu’elle ait eu tant de pouvoir sur elle-même.

Le reste, a-t-elle repris, je crois le pouvoir lire ; car mes yeux sont tombés sur le nom d’un homme, pour lequel je ne suis pas sans pitié. Elle a lu ce qui suit : « Le corps du pauvre Comte de Belvedere (c’est l’expression de Sir Charles) visite les divers quartiers de Londres, & s’efforce d’y trouver de l’amusement, tandis que son ame est au Château de Grandisson. Il ne peut se résoudre à quitter l’Angleterre, sans avoir pris congé de sa chere Clémentine ; cependant la crainte des nouveaux tourmens qu’il prévoit dans cette occasion le fait balancer. Le Marquis, ses deux Neveux & moi, nous joignons nos efforts pour le consoler ; cependant nous lui conseillons d’aller chercher plus de bonheur à Madrid ; & je le crois déterminé à retourner avec nous, pour le redoutable adieu. Je le plains du fond du cœur, mais je n’en loue pas moins l’inviolable attachement de la Famille aux conditions qu’elle vient d’accepter. »

En lisant ces dernieres lignes, son visage s’est couvert de larmes. D’accepter ! Ah, Mylady Grandisson, il n’est que trop vrai. Quoiqu’il ne leur en échappe rien, je lis leurs desirs dans leurs yeux.

Elle a parcouru l’éloge que Sir Charles me fait, de l’excellent caractere du Comte. C’est un honnête homme, a-t-elle repris ; je