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Histoire

combattre. Tout le monde vous aime. Votre bonheur est l’objet de toutes nos prieres.

Madame Bémont, trop éclairée pour ne pas juger que les agitations de Clémentine la trahissent quelquefois à mes yeux, vient de me faire un compliment sur ce qu’elle nomme ma généreuse tendresse pour cette chere Fille, & sur ma confiance à l’affection de Sir Charles. Où est le mérite, ai-je répondu, avec un homme dont les principes sont si bien établis, avec une Fille si délicate sur l’honneur ? Ils engagent tous deux mon cœur par l’amour & la pitié. À l’égard de Clémentine, ma consolation est que je ne me suis pas trouvée dans son chemin ; que Sir Charles n’a commencé à me déclarer son affection, qu’après avoir reçu d’elle, en termes exprès & par les plus nobles motifs, la liberté de choisir celle qu’il jugeroit la plus digne de lui succéder. Il m’a donné lieu de croire qu’il avoit cette opinion de moi ; & je puis ajouter, chere Madame Bémont, que dans les soins qu’il m’a rendus, il n’a pas cessé de lui rendre justice. Il s’est conduit avec moi si noblement, que si je ne l’avois déja préféré à tous les autres hommes, j’aurois pris alors ces sentimens pour lui.

Jeudi, 3 Mai.

J’étois avec Clémentine, lorsqu’on m’a remis une Lettre de Sir Charles. Elle s’est apperçue de qui étoit la Lettre ; & me la