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du Chev. Grandisson.

votre Famille ? Je suis bien éloigné, Mademoiselle, d’être ici sans prévention. Un homme, qui s’est flatté autrefois de l’espérance d’obtenir votre main, peut-il vous donner des conseils opposés au mariage ? Vos Parens peuvent-ils pousser plus loin l’indulgence, qu’en vous laissant la liberté absolue du choix ? Je suis forcé d’applaudir également à leur sagesse & leur bonté, dans cette occasion. Peut-être devinez-vous l’homme qu’ils seroient portés à vous recommander, & je suis sûr que la vertueuse Clémentine ne le rejetteroit pas, par la seule raison qu’il seroit offert de leur main ; ni même par toute autre raison qu’une aversion insurmontable, ou une forte inclination pour quelque Catholique. Un Protestant ne peut plus entrer dans cette supposition.

Mais, chere Sœur, chere Amie, dites-moi vous-même quelle réponse je puis faire à une jeune personne, qui, ayant fait voir dans une occasion qu’elle n’a pas une aversion invincible pour le mariage, ne s’en étant éloignée que par des motifs de conscience, fait difficulté d’obliger (obéir, n’est pas le terme qu’ils employent) « un Pere, qui la supplie les larmes aux yeux ; une Mere, qui lui rappelle tendrement ce qu’elle a souffert pour elle, & qui lui déclare que le bonheur de sa vie est entre ses mains. » Oh ! Mademoiselle, quels argumens (permettez que j’emploie vos propres termes) que les larmes d’un Pere & d’une