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du Chev. Grandisson

personne. Miss Jervins a des obligations, que vous n’avez pas, à son Tuteur.

Est-ce là, Madame, toute la différence ? Il n’y en a donc point ; car mes obligations l’emportent sur les siennes. Comparerez-vous des obligations pécuniaires à la conservation de la vie d’un Frere, à mille autres témoignages effectifs de la plus haute bonté ? Miss Jervins mon modele ! Pauvre Clémentine, que tu es tombée ! Il faut que je quitte ce Pays, sans différer un moment. Je vois à présent, dans le plus grand jour, de quelle témérité je me suis rendue coupable en y cherchant un azile. Que le Chevalier Grandisson me doit de mépris lui-même ! Mais je vous proteste, Madame, que je suis incapable d’un desir, d’une pensée, contraire aux motifs qui m’ont déterminée, lorsque j’ai refusé la main du meilleur des hommes. Oh ! que ne suis-je dans mon Italie ! Quel tort une folle passion doit-elle faire aux jeunes Filles dans l’opinion de leurs Amis, si tous les sacrifices que j’ai faits ne me garantissent pas des plus humiliantes imputations ! Oh ! quel dedain j’ai pour moi-même !

C’est un heureux dédain, ma très-chere Clémentine. Je finis comme j’ai commencé, en souhaitant que vous puissiez changer de systême ; mais tout doit être abandonné à vos propres réflexions. Votre Famille s’est lié les mains. J’attends votre bonheur du Ciel ; car vous n’oseriez dire encore que vous vous croyez heureuse : cependant personne ne combat vos volontés, ni ne pense à les