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du Chev. Grandisson

L’absence, a-t-elle dit, est d’un grand secours. Avec un Homme du commun elle sert moins que la présence même, qui peut faire découvrir ses défauts ; mais avec un Homme tel que Sir Charles, l’absence est sans doute une sage ressource. Mylady G… ajoute qu’il étoit aisé de voir dans l’air de Clémentine, qu’elle se faisoit là-dessus quelque application.

Mercredi 3 de Mai.

Mylady G… m’a fait le récit d’une conférence qu’elle vient d’entendre de son cabinet, entre Clémentine & Madame Bémont. À la vérité, le cabinet de Clémentine touche au sien, & n’en est séparé que par une légere cloison, ces deux pièces n’ayant fait autrefois qu’une même chambre. Je n’ai pu m’empêcher néanmoins de lui faire un reproche de son indiscrétion. Vous n’étiez pas forcée, lui ai-je dit, de vous tenir dans votre cabinet. Rien ne vous empêchoit de vous retirer, lorsque vous avez entendu commencer leur conversation. Mais non ; la curiosité est un clou, qui retient une Femme par le pied, quelque peine qu’elle ressente quelquefois de ce qu’elle entend.

Madame Bémont, sur les instances de Clémentine, lui avoit enfin communiqué la Lettre qu’elle a reçue de Florence. Cette lecture avoit ouvert une source de larmes. La pauvre Clémentine accusoit Olivia d’injustice & de cruauté. Des imputations, disoit-elle, d’une nature qui ne me permet plus de