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Histoire

Mardi au soir.

Madame Bémont a reçu de ses Amis de Florence une Lettre où, dans la crainte qu’elle ne reprenne trop de goût pour sa Patrie, ils la pressent de hâter son retour.

Il paroît que cette Lettre contient quelques discours de la malheureuse Olivia, qui ne sont point à l’avantage de Clémentine. Camille, qui est folle de moi, m’en a dit quelque chose, & m’a confessé en même tems la passion que sa Maîtresse a de les voir, sur quelques mots d’indignation contre Olivia, qui sont échappés à Madame Bémont. Indigne Olivia ! que peux-tu dire contre l’admirable Clémentine ? Cependant je souhaiterois aussi de les voir. Mais il me semble que Madame Bémont veut ensevelir absolument tout ce qui pourroit faire une trop vive impression sur une ame si délicate.

Cette Mylady G…, toujours trop vive, s’est avisée de raconter à Clémentine toute l’histoire d’Émilie, dans la seule vue, dit-elle, de faire honneur à la résolution d’une Fille de cet âge. Elle avoue que Clémentine a souvent rougi pendant sa narration ; ce qui n’a point été capable de l’arrêter. Comment a-t-elle pu… Je lui en ai fait honte, pour l’intérêt d’Émilie, pour elle-même, pour Clémentine, pour le Chevalier Belcher… Je ne crois pas qu’on puisse manquer de délicatesse à ce point. Cependant la chere Clémentine n’a pas laissé de louer beaucoup Émilie.