Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
du Chev. Grandisson
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Marquis a souhaité de lui faire une visite, & de prendre cette occasion pour commencer à connoître un peu la Ville. Tous nos hommes se sont déterminés aussi-tôt à lui former un cortege, & vous jugez bien que Sir Charles n’a pas voulu être excusé. Le Docteur Barlet & le Pere Marescotti, qui sont inséparables, ont formé une partie de leur goût : & les Dames ont déclaré qu’elles ne me quitteroient point. Les Hommes partirent hier au matin. Dans l’après midi, nous eûmes la satisfaction de voir arriver une des plus obligeantes Femmes, des plus tendres Meres, & des plus aimables Nourrices. Qui, s’il vous plaît ? Mylady G… avec son Mari. Indocile Charlotte ! À peine un mois est-il passé. Nous l’avons accablée de reproches. Nous en avons fait à son Mari, pour l’avoir laissé partir. Comment l’empêcher ? nous a-t-il dit fort naïvement. Mais ils sont si changés l’un & l’autre ! Réellement je suis charmée d’elle. Mylord, à présent que sa femme le traite avec une juste considération, paroît, sous ses yeux même, un Homme raisonnable & sensé. S’il a jamais eu quelques légéretés de conduite, elles ont tout-à-fait disparu. Pour elle, c’est toujours la même vivacité, mais sans excès. C’est celle d’une Femme judicieuse, entièrement satisfaite d’elle-même, de sa situation & de ses espérances. En vérité je commence à croire comme elle, qu’une Femme peut être heureuse par un second choix, lorsqu’elle n’a pu satisfaire son goût par le premier : & cette idée me flatte, pour notre chere Émilie.