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Histoire

qu’elle apporte souvent pour se dispenser des petites parties proposées par Sir Charles, & le goût qu’elle a pour m’entretenir à l’écart, marquent assez qu’elle croit ces privations nécessaires à son repos.

Elle a proposé une fois au Seigneur Jeronimo de quitter l’Angleterre plutôt qu’ils ne se le sont proposé, & de tirer de moi la promesse de la suivre. J’étois présente. Elle avoit les larmes aux yeux, en faisant cette proposition. Nous avions parlé de Sir Charles avec transport à l’occasion de quelques actions généreuses, qui étoient venues à notre connoissance ; & je vis clairement alors, qu’elle n’espéroit sa tranquillité que de l’éloignement. La chere Émilie a pensé de même, & j’en loue le Ciel !

Clémentine n’a pas laissé de paroître assez gaie depuis. Elle s’amuse à former des plans pour sa vie future ; quelques-uns assez aimables, mais un peu trop fantastiques, si je puis employer cette expression, & je les vois changer si souvent, qu’ils ne marquent point cette consistence que je lui souhaiterois dans l’esprit. Lorsque je la considere dans la variété de ses inventions & de ses projets, je suis quelquefois forcée de tourner la tête, pour lui cacher une larme qui m’échappe malgré moi.

Mardi 1 Mai.

Le Comte de Belvedere étant retourné à Londres, après un petit voyage aux environs, & ne jouissant point d’une bonne santé, le