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Histoire

geur se répandit sur les joues de Clémentine. Je vous mets, Monsieur, lui dit-elle, au nombre des Amis à qui je dois des excuses pour ma téméraire démarche ; parce qu’elle vous a porté à vouloir accompagner mes Freres, que vous avez toujours honorés de votre amitié. Pardonnez-moi les incommodités que vous avez pu souffrir à cette occasion.

Quel honneur vous me faites, Mademoiselle, de me compter au nombre de vos Amis ! Croyez-moi…

Oui, Monsieur, interrompit-elle, je vous regarderai toujours comme l’Ami de ma Famille & comme le mien. Je souhaiterai votre bonheur ; je le souhaite dès aujourd’hui ; & je ne puis vous en donner de meilleure preuve, qu’en retirant cette main, que vous avez recherchée avec une si rare, mes Amis disent, une si obligeante constance, malgré les dégoûts d’une malheureuse maladie, qui ne devoit vous donner que de l’éloignement pour moi… Ma chere Mere, (en faisant un mouvement que la Marquise arrêta, pour se jetter à ses genoux devant elle) pardonnez cet attachement à mes résolutions. Ce n’est point une aveugle opiniâtreté, qui me fait résister à vos désirs. J’ai eu deux raisons pour éviter un autre engagement ; ma Religion, & cette triste maladie, qui a fait votre malheur & le mien. Deux raisons (en nous regardant avec dignité) me portent aussi à refuser la main du Comte de Belvedere. J’a-