LETTRE CXXV.
Le Seigneur Jeronimo au Chevalier Grandisson.
Nous arrivons, cher Ami. La santé de mon Pere & de ma Mere est si douteuse, que nous prendrons quelques jours pour attendre ici vos informations. Ma Mere s’est trouvée si mal, qu’elle a pris le parti de relâcher à Antibes. Nous sommes venus à petites journées jusqu’à Paris, & de-là droit à Calais, où nous avons loué un Vaisseau pour nous rendre ici. Mon Frere & le Pere Marescotti sont indisposés. Camille n’est pas mieux. Madame Bémont, à qui nous avons des obligations infinies, nous ranime tous par ses soins & son affection.
Avez-vous appris quelque chose de la chere Fugitive, qui nous cause tant d’alarmes, & dans la saison où nous sommes, une si mortelle fatigue ? Fasse le Ciel qu’elle se trouve sous votre protection, avec une tête tranquille ! Dans l’état que je lui souhaite, elle n’auroit jamais formé le dessein d’une fuite si honteuse & si peu sensée. Le cœur du Comte de Belvedere est déchiré par l’impatience. Il suivra bientôt le Courrier que nous dépêchons avec cette Lettre. Notre Cousin