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Histoire

cou : Accorderez-vous, Madame, hélas ! accorderez-vous, un peu de tendresse, d’amitié, à une pauvre Désolée ! réellement désolée jusqu’à ses derniers jours ; à une Fugitive, une Rebelle, une Ingrate, pour les meilleurs des Parens !

Je l’ai embrassée… Des Parens qui se méprennent, c’est, Mademoiselle, le nom que je leur ai toujours donné. Je les plains, mais je vous dois ma plus tendre compassion. Honorez-moi de votre amitié. Sir Charles m’a déja donné deux Sœurs : qu’il me soit permis d’en compter trois !

Consentez-y, chere Mylady L… a dit Sir Charles à sa Sœur, en la faisant approcher : & passant ses bras en cercle autour de nous ; vous répondez, a-t-il ajouté, pour Charlotte qui est absente ; c’est une quadruple chaîne, que rien n’aura le pouvoir de rompre.

Il nous a placées sur un Sopha ; il nous a remis les mains l’une dans l’autre, & s’est assis devant nous ; Mylady L… à côté de lui. Nous sommes demeurées toutes deux en silence. Il ne l’a pas laissé durer trop. Mon Henriette, comme je vous l’ai dit, sait toute votre Histoire, Mademoiselle, & vous vous connoissez depuis long-temps. Vos ames sont alliées. Vos peines sont les siennes ; & vous n’aurez point de plaisirs, qu’elle ne ressente aussi comme les siens… Vous voyez, chere Henriette, vous connoissez à présent par vos yeux l’admirable Clémentine, dont vous avez tant admiré le caractere, & que vous