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Histoire

lady L… j’ai supplié Sir Charles de me conduire d’abord dans un appartement où elle ne fût pas. Je me suis assise sur la premiere chaise. Mylady L… est accourue à moi… Très-chere Sœur, vous trouvez-vous mal ? Le cœur manque à Mylady Grandisson !

Sir Charles, qui n’avoit pas remarqué mon émotion, m’a quittée pour entrer chez Clémentine. Il paroît qu’elle se trouvoit aussi dans quelque désordre.

Une Sœur, lui dit-il, attend la permission de se présenter devant vous.

Ah ! ne m’honorez pas du nom de sa Sœur, ne suis-je pas une Fugitive ? Je crains, Chevalier, qu’il me soit impossible de la voir. Elle doit me regarder avec dédain. Je ne serai pas moins effrayée de sa présence, que je l’ai d’abord été de la vôtre. Sa vertu est-elle sévere ?

C’est la douceur & la bonté même. Ne vous ai-je pas dit qu’elle est la Clémentine d’Angleterre ?

Toujours bon, Monsieur, toujours indulgent. Mais je ne dois pas être impolie. Je ne suis qu’une Étrangere, dans cette généreuse Maison ; sans quoi, je serois allée au-devant d’elle jusqu’à la premiere porte. N’est-elle pas Mylady Grandisson ? Heureuse, heureuse femme !

Ses yeux étoient inondés de pleurs. Elle s’est un peu tournée pour les cacher. Ensuite, faisant quelques pas en avant ; allons, je suis prête à la recevoir. De grace, Mon-