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Histoire

mille, Clémentine ne sera, ni forcée, ni pressée même avec trop de force. Ils ne sauront sa demeure, ils ne la verront, que de son consentement, & lorsque je les croirai disposés à la traiter comme elle le désire. Que je trouve de noblesse dans l’inquiétude que vous me marquez pour son repos !

Je n’ai point encore eu la force de lui faire une ouverture, que je me reproche néanmoins de suspendre trop longtemps. Le courage me manque, pour l’informer du voyage de sa Famille ; & je l’ai tenté plusieurs fois, sans l’avoir exécuté. Chere Fille ! Son air d’innocence, sa confiance pour moi, & les craintes néanmoins dont elle paroît quelquefois agitée… Je ne sais comment je dois m’y prendre. Elle dépend de ma médiation. Elle me presse de commencer un Traité de réconciliation avec eux. Je remets, lui dis-je, à leur écrire, jusqu’aux nouvelles que j’attends de Madame Bémont. Elle ne se défie point de leur entreprise. N’avez-vous jamais éprouvé, chere Henriette, ce que souffre un cœur ouvert, tel que le vôtre, de l’impatience, & de la crainte néanmoins, de révéler à un Ami des nouvelles désagréables, qu’il lui est important de savoir ? Qu’on regrette de troubler une tranquillité qui porte sur l’ignorance de l’événement ? Et cette tranquillité même n’augmente-t-elle pas la peine de l’Ami compatissant, qui considere qu’après l’explication, il n’y aura que le tems & la Philosophie, dont le cœur de son Ami puisse