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Histoire

persuadée que je ne mérite aucun blâme pour avoir refusé votre main, rien ne contribuera tant à rétablir le calme dans mon esprit. Lorsque je me sentirai plus de courage, & que mon cœur sera soulagé de quelques parties de ses peines, vous me présenterez à Mylady Grandisson. Jusqu’alors, dites-lui que je l’aimerai, & que je croirai lui devoir une éternelle reconnoissance pour avoir fait le bonheur d’un homme que je me flattois autrefois de pouvoir rendre heureux aussi, si des motifs supérieurs ne s’y étoient opposés.

Elle tourna la tête pour cacher apparemment une douce rougeur dont son visage s’étoit couvert, & les larmes qui couloient sur ses deux joues… Mon admiration pour une grandeur d’ame, à laquelle je ne connois d’égale que celle de mon Henriette, ne permit point à mon cœur de s’exprimer par des paroles. Je me levai, & reprenant ses deux mains, je panchai la tête dessus. Les pleurs sortirent encore plus abondamment de ses yeux, & nous fûmes tous deux quelques momens sans parler. Il seroit injurieux pour une ame aussi grande, aussi noble que celle de Clémentine, que je voulusse excuser ces tendres émotions de deux cœurs, l’un aussi pur que celui de mon Henriette, & l’autre entiérement à elle.

Je rompis notre silence pour la presser de prendre un appartement chez Mylady L… Demain, Mademoiselle, aussi matin que vous le permettrez, je serai ici avec cette