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du Chev. Grandisson.

Admirable Clémentine !

Et vous êtes propre à nous servir de Juge. Soyez le mien, si jamais il m’est permis de plaider ouvertement ma cause.

Alors, Mademoiselle, il n’y aura point de considération qui puisse me faire trahir un sentiment que je crois juste… Mais n’obtiendrai-je point la permission de voir les traits d’une chere personne, dont j’ai toujours respecté l’ame ?

Laura, dit-elle alors à sa Fille, faites préparer le Thé. J’ai pris, Monsieur, l’usage du Thé depuis mon arrivée. La Dame de cette Maison est fort obligeante. Mais permettez-moi de sortir pour quelques momens.

Elle sortit avec un soupir, appuyée sur Laura.

Cette Fille étant bientôt revenue avec de la lumiere, elle plaça les flambeaux sur la table, & se tourna d’un air fort ému. Ô Monsieur le Chevalier, me dit-elle d’un ton qui ne l’étoit pas moins, au nom de tous les Saints du Ciel, engagez ma Maîtresse à retourner promptement en Italie !

Un peu de patience, chere Laura. Tout prendra une heureuse face.

C’est moi, Monsieur, c’est la malheureuse Laura qui en sera la victime. Le Général me tuera. Hà ! pourquoi me suis-je laissée persuader de partir avec ma Maîtresse ?

Un peu de patience, vous dis-je. Si vous avez tenu une bonne conduite, je vous assure de ma protection. Votre navigation a-t-elle été favorable ? Le Patron du Vaisseau, & ses