Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
du Chev. Grandisson.

réponse, car je ne puis souhaiter que mon asile soit connu. Je vous en supplie, Chevalier ; ne prenez aucune peine pour moi : je suis une fugitive. Ne vous avilissez pas vous-même, en avouant la moindre liaison avec une pauvre & malheureuse Fille, qui mérite l’abbaissement où elle est tombée. N’a-t-elle pas abandonné les meilleurs Parens ? Mais c’est pour éviter, & non pour obtenir un Mari ; ne l’oubliez pas, Monsieur.

Dois-je vous envoyer cet informe Écrit, que j’ai commencé pour m’amuser de mes sombres réflexions ? Je ne le ferois pas, si je le croyois capable de vous causer le moindre chagrin… Le Ciel préserve votre ancienne Pupille, de répandre des nuages sur les premiers jours de vos heureuses nôces. Cependant si vous permettez à votre Secrétaire, car je ne souhaite point cette faveur de votre main, si vous lui permettiez d’envoyer quelques lignes dans un lieu sûr, où mon Édouard pourroit la prendre sans être connu de personne, simplement pour m’informer si vous avez reçu quelques nouvelles de Boulogne, de Naples ou de Florence, (Je me reproche de l’ingratitude pour cette bonne Madame Bémont), & pour m’assurer de la santé de mon Pere, de ma Mere, (Que mon cœur saigne pour eux !) de celle de mon cher Jéronimo, de mes deux autres Freres, & du vertueux Pere Marescotti, & de ma Belle-Sœur que j’ai tant de raisons d’aimer ; ce seroit un délicieux soulagement pour mon cœur, du moins s’il n’étoit pas question d’un