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Histoire

Je suis trop heureux ! me dit-il, en m’embrassant ; votre bonté me prévient. Je pars pour la Ville. Vous retiendrez nos amis. Un amour fondé comme le mien sur les perfections de l’ame, de quelques charmes qu’elles soient accompagnées dans l’aimable figure que je tiens entre mes bras, est le comble du bonheur !

Il rejoignit avec moi la Compagnie qui nous attendoit. Tous se leverent à notre arrivée, par un mouvement comme involontaire ; dans l’impatience d’entendre nos résolutions. Le Docteur n’avoit pas achevé de traduire la Lettre : mais Sir Charles la fit demander, & pria le Docteur, qui l’apporta lui-même, de nous la lire en Anglois ; ce qu’il fit très-facilement. Mon Oncle, ma Tante, Lucie & M. Deane n’attendirent point que Sir Charles eût parlé, pour le prier de ne faire aucune attention à ses Hôtes, & de suivre librement toutes ses vûes. Il leur dit que s’ils vouloient promettre de me tenir compagnie, il partiroit le lendemain pour Londres. Ils s’y engagerent, & sans bornes, pour laisser une carriere plus libre à sa générosité.

Il me reste, lui dis-je, une chose à vous demander : Ne souffrez point, si vous pouvez l’empêcher, que la Fugitive soit traînée malgré elle à l’Autel. Qu’on ne prenne point avantage de sa téméraire démarche, comme on y paroît disposé dans quelques endroits de la Lettre, pour lui faire acheter sa réconciliation par une prompte complaisance. Il