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du Chev. Grandisson.

tations de mon inviolable amour. Vous serez informée de chaque pas que je vais faire. Vous m’aiderez de vos conseils. Les ames aussi délicates que la vôtre & celle de Clémentine, doivent avoir entre elles une sorte d’alliance. Je me fierai à mes mesures, lorsqu’elles seront approuvées de mon Henriette. Toutes mes démarches seront communiquées à nos Amis : leur discrétion nous est connue. Je ne laisserai à personne aucun sujet de douter, qu’autant qu’il est en mon pouvoir, mon Henriette ne soit la plus heureuse des Femmes.

Quelle est, Monsieur, la date de votre Lettre ? Il avoit déja remarqué, dit-il, qu’elle étoit sans date ; la douleur de Jéronimo… Clémentine, interrompis-je, est peut-être arrivée. Laissez-moi dans cette Maison avec mon Oncle & ma Tante, que j’engagerai à rester un peu plus long-temps qu’ils ne se le proposoient, & partez promptement pour la Ville. Si vous pouvez rendre service à une pauvre malheureuse Étrangere, destituée, comme vous le craignez, de toute protection, & peut-être exposée à mille sortes de dangers, vos Lettres me seront, s’il est possible, plus agréables que la présence même de l’homme qui m’est plus cher que moi.

J’étois élevée, mes cheres Dames. C’étoit m’agrandir, que de me trouver dans le pouvoir de convaincre Sir Charles Grandisson, que tous mes sentimens, pour la plus noble des Femmes étoient réels.