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Histoire

d’un jeune Étranger ; sans autres habits que ceux qu’elle avoit emportés pour son voyage ! Si l’argent ne lui manque point, c’est ce que nous ignorons ! L’Angleterre, dans ses idées, un Pays d’hérétiques ! Juste Dieu ! Ma Sœur peut-elle avoir été capable de cette témérité !

Mais quelle doit-être son aversion pour le mariage ! Il est certain que nous nous sommes trop précipités. Le changement de votre sort est une bonne garantie ; cependant, j’ose le dire, vous n’auriez jamais soupçonné Clémentine d’une si folle démarche. Hélas ! nous jugeons qu’il faut l’attribuer aux dernieres atteintes de sa maladie, plus qu’à toute autre cause. Lorsque le désordre est une fois dans la tête, les remedes sont sans force, & la guérison est toujours imparfaite. Mais je répete que nous nous sommes trop hâtés. Le Général… Cependant il est le plus désintéressé des hommes ; sans quoi, il n’auroit pas été si pressant pour son mariage.

Chere, chere Clémentine ! Que mon cœur saigne des peines dont elle est menacée ! Mais elles ne peuvent approcher de celles de sa Mere. Ma Sœur n’ignore point que la vie de son Pere & de sa Mere est liée à la sienne. Je le dis encore : il faut qu’elle soit retombée dans son ancienne maladie, pour avoir fait une démarche qui nous pénétre jusqu’au fond du cœur.

Sur les lumieres que nous avons pu recueillir, nous nous flattons que vous parviendrez à la découvrir, avant qu’elle soit exposée à toutes les disgraces que nous redoutons pour