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du Chev. Grandisson.

d’Été ; & malgré l’obstacle de la saison, notre dessein est de partir dans huit jours. Que le Ciel donne, à ma Mere, la force de soutenir ce voyage !

Nous jugeons que le plan de ma Sœur étoit formé de long-tems. Elle avoit congédié sa fidelle Camille, parce qu’elle la trouvoit trop pressante pour lui faire changer de condition. Je crains en effet que cette honnête Fille n’ait exécuté avec trop d’affection l’ordre de mon Frere, qui lui avoit recommandé de ne pas perdre une occasion, pour inspirer de tendres sentimens à sa Maîtresse, en faveur du Comte de Belvedere. Depuis quelque tems, Laura étoit devenue sa Servante favorite.

On ne peut douter que ce ne soit le jeune homme qui a ménagé toute cette intrigue. Il se nomme Édouard Dagley. Madame Bémont se rappelle aujourd’hui diverses circonstances, qui lui auroient été suspectes, si elle avoit pu soupçonner Clémentine d’une entreprise de cette nature. Le Vaisseau qu’elle a pris se nomme le Colchester, commandé par le Capitaine Henderson.

Comment cette chere Créature pourra-t-elle soutenir vos regards, en arrivant en Angleterre ; les vôtres, ceux de Mylady Grandisson & de vos deux Sœurs ? Que n’aura-t-elle point à souffrir dans un tel voyage, & dans une telle saison ? À quelles insultes n’est-elle pas exposée ? avec si peu de connoissance de la Langue Angloise ; avec Laura qui n’en sait pas une syllabe ; dans la dépendance