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du Chev. Grandisson

Mais il reste une objection, Madame, une grande objection.

Eh ! quelle est-elle, mon Amour ?

Votre Cousin, le jeune M. Selby. Je le respecterois comme votre Cousin, & comme le Frere des deux Miss Selby ; mais c’est tout.

Jamais, ma chere, je n’ai eu cette idée, & ma Famille n’y pense pas non plus.

Ainsi, Madame, si vous faites réussir mon projet, j’accompagnerai M. & Mme Selby à leur départ ; & je ne doute point que je ne sois bientôt une heureuse Fille. Mais souvenez-vous toujours que je dois aimer mon Tuteur. Ce sera, Madame, d’un amour qui n’exclura point Mylady Grandisson d’une grande part, & de la plus grande, s’il m’est possible. À présent (en me jettant ses bras autour du cou) permettez que je vous demande pardon de tant d’étranges propos que je vous ai tenus. J’aurai le cœur plus tranquille, avec une Confidente telle que vous. Cet exemple de bonté vous rend plus qu’égale à Clémentine même. Que je vous dois de remercimens pour votre patience, & sur un sujet de cette nature ! Cependant assurez-moi, chere Mylady, que vous ne haïssez pas une petite Fille qui a la vanité de vouloir imiter vous & Clémentine.

J’ai pleuré de joie, de compassion & de tendresse. N’aurez-vous pas, ma chere Grand’Maman, plus d’affection que jamais pour cette chere Fille ? Ne l’appellerez-vous pas votre Émilie ? Et ne penserez-vous pas d’elle, comme votre Henriette ?

Lundi 5.

J’ai déja obtenu de mon Oncle & de ma Tante une haute approbation pour les desirs d’Émilie. À sa priere ils ont demandé le consentement de Sir Charles, comme une faveur. Il a souhaité de la voir là-dessus. Elle est venue d’un air timide, & les yeux baissés. Il a pris sa main : j’apprends, Émilie, que vous souhaitez de rendre à Mme Sherley, à M. & à Mme Selby, la petite Fille