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du Chev. Grandisson.

selle ; dites-lui que je n’espere le repos qu’en la haïssant de tout mon cœur ; mais ne lui conseillez pas (en se baissant à l’oreille de Miss Orme) de croire le sien trop assuré. »

Ces derniers mots ont fait une étrange impression sur moi ; car je n’étois pas déja fort tranquille. Je les ai répétés : j’y ai réfléchi, & j’ai pleuré, Folle que j’étois ! Mais je me suis remise aussi-tôt, & j’ai supplié Miss Orme de ne pas faire attention à ma folie.

Vers la fin du jour, j’ai reçu la visite de son Frere. Elle m’a fait plaisir, & je ne crois pas qu’il m’accuse d’avoir augmenté sa mélancolie. Il m’a fait diverses questions, auxquelles je n’aurois pas répondu, de toute autre part que de la sienne. J’estimerai toujours M. Orme. Avec quelle ouverture de cœur n’a-t-il pas loué Sir Charles Grandisson ? Il a fini par des vœux pour lui & pour moi, d’un ton bien différent de celui de Balaam Greville. Ses bénédictions ont été suivies de quelques larmes. Excellent homme ! Il m’a mise dans un véritable embarras, pour lui faire mes remercimens.

Lucie me conseille de me rendre auprès de ma Grand-Mere, avant le retour de Sir Charles : mais, ma Tante & moi, nous ne sommes point de son opinion. Il nous semble, au contraire, que c’est lui qui doit se rendre au Château de Sherley, & nous rendre de-là ses visites : car celui de Selby n’est-il pas ma résidence ordinaire ? Ma Grand-Mere sera charmée de sa compagnie & de sa conversation. Mais comme il ne peut penser