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Histoire

tre de votre Ami ! Elle sert à me convaincre de plus en plus que Clémentine est seule digne de vous. Quelle seroit ma vanité, si je pensois autrement ! & le pensant, comme je fais, qu’il y auroit de bassesse à ne le pas reconnoître ! Je ne puis mal interprêter votre sensibilité. La mienne m’apprend ce que je dois accorder à la vôtre. Je vous regarde, avec Clémentine, comme le meilleur des hommes ; mais l’ambition d’Henriette sera remplie, en occupant le premier rang après elle. Est-il possible qu’elle souhaite de me voir à vous ! Noble & généreuse Ame ! Grandisson, dit-elle, fera mon bonheur ! Mais tendre & vertueuse Clémentine ! mon respectable modèle ! Henriette peut-elle être heureuse, même avec Grandisson, si vous ne l’êtes pas vous-même ! Croyez-moi, votre bonheur est nécessaire au sien. Que le Ciel vous comble de ses faveurs ! C’est la priere d’Henriette. N’en doutez pas ; mon étude sera de le rendre heureux. Mais, excellente Fille ! Fille parfaite ! avez-vous des regrets ! Des regrets qui ne puissent être diminués que par la joie que vous ressentirez de son bonheur, & d’un bonheur qui sera l’ouvrage d’une autre ? Incomparable bonté ! Pourquoi, pourquoi, lorsqu’il vous accordoit la liberté de votre Religion, & qu’il ne faisoit pour lui que la même demande, vous est-il resté des obstacles invincibles !

Ô Monsieur ! je ne puis pousser plus loin ces réflexions. C’est un mouvement irrésistible qui me les a fait commencer. Mais comment serois-je capable de paroître devant