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Histoire

mode pour ses Amis. Je ne vous aurois jamais demandé cette grace, mais votre proposition me charme. Écrirai-je, en votre nom, à notre chere Émilie ?

Voilà, Monsieur, une plume & du papier.

En votre nom, Mademoiselle ?

J’y ai consenti par un signe de tête, sans me défier de rien. Il s’est mis à écrire, & pliant le papier, il ne m’a fait voir que ces mots : « Chere Miss Jervins, j’ai obtenu pour vous la faveur que vous désirez. Ne continuerez-vous pas d’être aussi bonne que vous l’avez été jusqu’à présent ? C’est l’unique demande que fait à mon Émilie, sa très-affectionnée Servante ».

J’ai souscrit aussi-tôt, Henriette Byron. Mais, Monsieur, vous avez plié votre papier.

Adorable confiance, s’est-il écrié. Eh ! qui seroit jamais tenté d’en abuser ? Lisez, Mademoiselle, ce que vous avez signé.

J’ai lu, que mon cœur a palpité !… Sir Charles Grandisson, me suis-je écriée à mon tour, est donc capable de tromper ? Sir Charles Grandisson est capable de ruse ? Graces au Ciel, qu’il n’est point un méchant homme ! Alors les mots, j’ai obtenu pour vous ce que vous désirez, suivoient ceux-ci : « Il faut être bonne. Il faut vous résoudre à ne me donner que de la joie, une joie égale à l’affection que j’ai pour vous, & au sacrifice que je fais pour vous obliger. Rendez-vous, ma chere, aussi-tôt qu’il sera possible, au Château de Grandisson. Ce sera une de