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du Chev. Grandisson.

prudence ? Auroit-elle déja… Son visage rougissoit d’impatience.

Je ne sais rien à lui reprocher. Il n’est question que d’une priere qu’elle me fait. (Quel meilleur parti, ma chere, pouvois-je tirer de mon effroi ?) Mais je n’aurois pas voulu, pour le monde entier, que vous eussiez vu dans quels termes j’en parlois.

Votre inquiétude, Mademoiselle, m’en avoit causé beaucoup. Mais si vous ne cessez point d’aimer Émilie, je suis sûr, en effet, qu’il n’y a rien à lui reprocher.

Qu’il me soit permis, Monsieur, d’admirer votre complaisance, votre bonté, votre humanité !

Ce qui me manque de ces qualités, l’exemple de Miss Byron me l’apprendra. Mais que souhaite mon Émilie ?

De vivre avec son Tuteur, Monsieur.

Avec moi, avec vous, Mademoiselle ?

C’est ce qu’elle desire.

Et ma chere Miss Byron croit-elle que cette demande puisse être accordée ? Consent-elle à servir d’Amie, par ses instructions, de Sœur par ses exemples, à une Fille de cet âge, c’est-à-dire dans la saison de la vie où les affections d’une jeune personne sont moins gouvernées par le jugement que par les yeux ?

J’aime cette chere Fille. Je me sens portée à souhaiter de l’avoir toujours avec moi.

Charmante bonté ! Je suis donc quitte d’un de mes soins. Une jeune Fille, entre quatorze & vingt ans, est souvent incom-