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Histoire

que de raconter à ma Tante & à Lucie tout ce qui venoit de se passer entre lui & moi ; mais en finissant mon récit, je n’ai pas eu la force de leur apprendre la derniere scene : cependant vous voyez, Mesd. que je ne fais pas de difficulté de vous l’écrire à toutes deux.

Sir Charles, M. Deane & mon Oncle sont sortis ensemble pour faire un tour de promenade avant le dîner. À leur retour, mon Oncle m’a prise un peu à l’écart ; & ne perdant jamais le goût de la plaisanterie, il m’a félicitée de ce que la glace étoit rompue. On vient, a-t-il ajouté, de nous en faire l’aveu. Comme il me sourioit en face, tout le monde avoit les yeux sur moi. Je m’imagine que Sir Charles a cru voir dans les miens que j’appréhendois la raillerie de mon Oncle. Il s’est avancé : chere Miss Byron, m’a-t-il dit, je n’ai pas caché à M. Selby ce que j’ai pris la liberté de vous demander en grace, & je crains bien que cette démarche ne lui paroisse, comme à vous, trop précipitée & trop hardie. Si c’est l’idée que vous en avez, Mademoiselle, je vous en demande pardon : vos desirs seront toujours la regle des miens. Ce compliment a produit un fort bon effet. Il m’a rassurée. C’étoit un secours qui ne pouvoit arriver plus à propos.

[Dans un autre tête-à-tête qui suivit bientôt, Sir Charles, après mille expressions de tendresse, l’entretient à cœur ouvert de ses affaires domestiques, & finit par un discours si touchant, qu’elle en est attendrie jusqu’aux larmes. Pourquoi pleurer, se demande-t-elle ?]

Sir Charles s’en apperçoit.