Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
Histoire

tement, en penchant la tête dessus. Mon cœur étoit ouvert. Que le Ciel vous comble de biens, M. Greville ! Je fais pour vous tous les vœux que vous avez faits pour moi. Ils seront exaucés, si vous prenez le chemin de la vertu. Je n’ai pas retiré ma main. Il a mis un genou à terre, pour la presser plus d’une fois de ses levres. Lui-même avoit les larmes aux yeux. Il s’est levé, il m’a traînée vers Sir Charles ; & lui présentant ma main, que la surprise ne m’a permis d’étendre qu’à demi : Que j’aie la gloire, Monsieur, de remettre cette chere main dans la vôtre. C’est à vous seul que je suis capable de la céder. Heureux, trois fois heureux couple ! La valeur mérite seule d’obtenir la beauté[1].

Sir Charles a pris ma main. Que ce précieux gage m’appartienne pour jamais ! a-t-il dit en la baisant ; & se tournant vers ma Grand-Mere & ma Tante, il m’a présentée à elles. J’étois toute effrayée du mouvement que l’étrange Homme m’avoit fait faire. Je ne souhaite de vivre, a répondu ma Grand-Mere, dans une espèce de transport, que pour voir ma Fille à vous !

Après avoir mis ma main dans celle de votre Frere, Monsieur Greville est sorti de la chambre avec la derniere précipitation. Il avoit quitté le Château, lorsqu’on a commencé à demander ce qu’il étoit devenu ; & tout le monde en étoit inquiet, jusqu’à ce

  1. Ce sont deux fameux Vers de Dryden.

    Happy, happy, happy Pair !
    None, but the Brave, deserves the Fair.