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Histoire

& d’insulte. Il faut m’en faire un Ami (j’en dois l’idée à Fenwick) pour mettre mon orgueil à couvert ; & que le Diable emporte le reste, Miss Byron, & tout…

Méchant homme ! Vous étiez mourant, il y a deux minutes. Que je suis lasse de vous !

Ho ! Mademoiselle, vous n’êtes pas à la fin de mon discours de mort ; mais je ne veux pas vous effrayer. L’êtes-vous un peu ?

Je ne le suis que trop.

(Sir Charles a fait un mouvement, comme s’il avoit voulu s’approcher de nous ; mais il s’est arrêté néanmoins, à la priere de ma Grand-Maman, qui lui a dit de laisser passer cet accès, & que M. Greville étoit toujours singulier).

Effrayée, Mademoiselle ! Eh qu’est-ce que votre effroi, si vous le comparez aux cruelles nuits, aux jours insupportables que vous m’avez fait passer ? Nuits maudites ! Maudits jours, & maudit moi-même ! Impitoyable Fille, (en grinçant les dents) quels tourmens vous m’avez causés !… Mais c’est assez, je veux hâter ma conclusion, par compassion pour vous, qui n’en avez pourtant jamais eu pour moi.

Quoi, Monsieur ? Pouvez-vous me reprocher de la dureté ?

Oui, & de la plus barbare, sous les plus charmantes apparences. C’est à cette trompeuse douceur que je dois ma ruine ; c’est elle, qui m’avoit fait naître des espérances ; oui, cette physionomie brillante, & ce cœur glacé. Ô visage imposteur ! Mais il est tems de finir mon discours de mort. Donnez-moi la main ;