Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
du Chev. Grandisson.

les pieds dans l’Isle. Qui Diable est-ce donc ? Mais lorsque ce dangereux homme, que j’avois cru parti pour remplir sa destinée conjugale avec une Étrangere, est revenu sans être engagé, & lorsque j’ai su qu’il prenoit sa route vers le Nord, j’ai commencé à tout craindre de sa part. Jeudi dernier je reçus avis qu’on l’avoit vu le matin à Dunstable, marchant vers notre Canton. Le cœur me manqua. J’avois mes espions autour du Château de Selby. De quoi l’Amour & la Jalousie ne sont-ils pas capables ? J’appris que votre Oncle & M. Deane étoient allés au-devant de lui. Ma rage ne peut se concevoir. Combien ne m’échappa-t-il pas de juremens & d’imprécations ? Cependant je jugeai que dans une premiere visite, il ne seroit point accordé à mon Rival de prendre sa résidence sous un même toit avec cette charmante Sorciere

Quelle expression, Monsieur !

Sorciere, oui sorciere. Dans ma fureur je lui donnai mille noms de cette force. Will, Tom, George, vîte, qu’on m’apporte une douzaine de torches ardentes, je veux embraser le Château de Selby, en faire un feu de joie pour l’arrivée de l’Usurpateur de mon bien. J’aurai des crocs & des fourches pour repousser dans les flammes jusqu’au dernier de la Famille. Il n’en échappera pas un à ma vengeance.

Horrible Personnage ! Je ne veux pas vous écouter plus long-temps.

Vous m’entendrez jusqu’à la fin. Vous m’écouterez, vous dis-je, c’est mon discours