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du Chev. Grandisson.

Ma langue m’a refusé son office. Je suis sûre que je parlois de bonne foi, & que les apparences y répondoient ; ou bien, ma chere, mon visage & mon cœur ne s’accordoient gueres.

Que craint ma chere Miss Byron ? Que craint-elle d’impossible ?

Pressée avec cette tendresse, Monsieur, & par un Homme tel que vous, pourquoi n’acheverois-je pas de m’expliquer ? La pauvre Henriette Byron, dans la justice qu’elle se rend, dans l’idée qu’elle a de cette incomparable Étrangere, craint, Monsieur, craint, avec raison, que tous ses soins, tous ses efforts, ne la rendent jamais, à ses propres yeux, ce qu’elle doit être pour son repos & le bonheur de sa vie, avec quelque générosité que vous vous efforciez de la rassurer vous-même. Telle est ma crainte, Monsieur, & toute ma crainte.

Généreuse, noble, excellente Miss ! (d’un ton & d’un air de transport) est-ce donc là votre seule crainte ? Il ne manquera rien au bonheur de l’Homme qui est devant vous ; car il ne doute point que, si la vie lui est accordée, il ne vous rende une des plus heureuses Femmes de la terre. Clémentine a fait une action glorieuse, en préférant sa Religion & son Pays à toute autre considération : c’est un témoignage que je lui rendrai toute ma vie. Ma reconnoissance ne doit-elle pas être double pour Miss Byron, qui, sans avoir passé par les mêmes épreuves, avec le plus délicat néanmoins de tous