Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
Histoire

cirai vos doutes. Je souhaiterois de pouvoir les expliquer pour vous. Je l’ai déja fait. J’ai reconnu qu’ils pouvoient être tels, qu’il n’y avoit que votre généreuse bonté & votre confiance à mon honneur qui pussent vous les faire surmonter ; & je reconnois encore, au désavantage de mes espérances, que si le cœur d’une Femme, dont je cherchois l’estime, avoit été dans la situation où s’est trouvé le mien, ma propre délicatesse en seroit blessée. Parlez à présent ; avouez, confessez, très-chere Miss, ce que vous étiez prête à me dire.

Mon aveu, Monsieur, l’aveu d’un cœur aussi sincere que le vôtre, c’est que je suis éblouie, dirai-je confondue, du mérite, de la supériorité de l’illustre Étrangere que vous faites gloire d’estimer.

La joie m’a paru rayonner dans ses yeux. Il s’est baissé sur ma main ; il l’a pressée encore de ses lévres, mais sans prononcer un mot ; soit qu’il se tût à dessein, soit que la voix lui manquât réellement pour parler. J’ai continué, quoique d’un ton foible, la rougeur au visage, & les yeux baissés. Je ne me défie pas plus qu’elle, Monsieur, de votre honneur, de votre justice, ni de votre indulgente tendresse. Votre caractere, vos principes, sont une bonne caution pour toute Femme qui s’efforcera de mériter votre estime. Mais j’ai une si haute opinion de Clémentine, & de sa conduite, que je crains… Ah ! Monsieur, je crains qu’il ne soit impossible…